Pourquoi utiliser la neige pour protéger vos bonsaïs?
Claude Savard
CSCeramique
La période de l’hibernation sous la neige de nos bonsaïs peut susciter du stress, tant pour les professionnels que pour les débutants. Fort de mes expériences avec différentes méthodes visant à protéger mes bonsaïs indigènes, je souhaite partager dans cet article une approche qui a pleinement répondu à mes attentes. Ce faisant, vous pourrez aborder cette étape cruciale avec confiance et assurance.
L’utilisation de la neige comme isolant thermique
Comme évoqué dans l’article intitulé « Comment conserver mes bonsaïs indigènes en hiver ? », je vous ai exposé trois méthodes pour préserver ces arbres dans notre climat souvent rigoureux. À plusieurs reprises, j’ai souligné l’utilisation de la neige comme isolant thermique pour protéger mes bonsaïs.
La science derrière l’effet isolant de la neige
Je m’appuie sur les connaissances scientifiques partagées par un article de « Québec Science » sur le rôle de la neige en tant qu’isolant naturel.
C’est l’air contenu dans la neige qui permet d’isoler de l’extérieur. Il fait le tampon entre le froid de l’air ambiant et ce qu’il y a sous la neige. Par exemple, les murs en neige permettent de garder la température proche de 0°C à l’intérieur d’un igloo, alors qu’il fait -20°C à l’extérieur.
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Expériences personnelles :
la preuve par les données
J’utilise constamment de la neige pour protéger mes arbres, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la protection. Cela peut sembler simple à dire, mais est-ce réellement efficace ? Pour répondre à cette question, j’ai mené un test sur deux hivers, évaluant l’impact de la neige sur deux types de protections distincts. Voici la méthodologie que j’ai suivie pour cette démarche.
Tout d’abord, j’avais installé une sonde d’un thermomètre électronique qui communiquait en Wifi avec sa base, me fournissant la température en continu pendant que j’étais bien au chaud dans mon bureau.
Ensuite, je recueillais les informations tôt le matin et les inscrivais dans un chiffrier électronique. J’y consignais la date, la température à l’intérieur de ma protection ainsi que celle fournie par la station météo de ma région.
Cela avait abouti à la création de ce graphique, et j’étais heureux de constater que mes abris recouverts de neige assuraient une protection étonnante
Expérience réalisé durant l’hiver 2018-2019
La première expérience, réalisée durant l’hiver 2018-19, s’est déroulée avec des cônes de polystyrène. Mes arbres étaient déjà en place, attendant d’être recouverts par leurs protections. Préférant installer ces dernières le plus tard possible pour éviter que les arbres ne souffrent de chaleur excessive, j’ai débuté mon expérience le 10 novembre 2018.
Sur ce graphique, les deux lignes ont exactement le même point de départ, soit une température de -4 degrés Celsius. La ligne rouge représente la température à l’intérieur de la protection, tandis que la ligne bleue indique la température extérieure de ma région.
Dès le départ, on remarque une augmentation de la température à l’intérieur de la protection, tandis qu’à l’extérieur, elle diminue. À cette période de l’année, la neige n’est pas encore abondante, mais elle produit déjà un effet protecteur. À la mi-décembre, la température à l’intérieur des cônes reste stable à 0 degré Celsius. Cependant, quelques jours de hausse de température extérieure (1), atteignant jusqu’à 2 degrés Celsius, provoquent une augmentation suivie d’une baisse rapide, due à la fonte de neige sur les protections.
Les 26 et 27 décembre, j’ai enregistré les températures les plus froides de la saison (1) à l’intérieur des protections, soit -5 degrés Celsius. Pour remédier à cette situation, j’ai dû ajouter de la neige sur les protections afin de maintenir des températures plus stables. Un autre point notable dans cette expérience est l’observation de la courbe de la température extérieure pendant la saison hivernale, avec des variations importantes.
En février, bien que la température maximale (2) ait atteint -28 degrés Celsius, la courbe maintenait une stabilité remarquable entre le 14 février et le 14 mars (3) à l’intérieur des protections. Durant cette période, la température est restée constante à 0 degré Celsius, résultat de l’accumulation de la neige sur mes protections. Malgré les conditions extrêmes, la stabilité thermique a perduré, témoignant de l’efficacité des mesures qui ont été prises.
Par la suite, une hausse graduelle de la température est perceptible vers la mi-mars, pour finalement atteindre des températures trop élevées en avril. Évitant ainsi le débourrement prématuré des bourgeons j’ai mit fin à leurs l’hibernation.
Expérience réalisé durant l’hiver 2020-2021
Afin de confirmer l’efficacité de la neige en tant que protection contre le froid, j’ai entrepris une deuxième expérience lors d’un hiver suivant, avec une configuration totalement différente de celle de l’hiver précédent. Contrairement à la première expérience où la neige était à l’extérieur des protections, cette fois-ci, elle servira toujours d’isolant, mais sera à l’intérieur de la protection.
Pour cette deuxième expérience, réalisée sous un abri d’auto, j’ai rassemblé tous mes arbres au départ, préparant ainsi leur passage à travers la saison hivernale dans cet abri. Prêt à entamer cette nouvelle expérience, j’ai attendu que l’accumulation de neige soit suffisante pour recouvrir les arbres à l’intérieur de l’abri, retardant ainsi le début par rapport à la saison précédente
Le démarrage a eu lieu plus tard que la dernière fois, le 7 décembre 2020, une fois que la quantité de neige nécessaire a été atteinte. Au cours de cette saison, une observation intéressante concerne la stabilité à l’intérieur de l’abri par rapport aux variations de température à l’extérieur. À la fin de décembre (1), la température extérieure a atteint jusqu’à 10 degrés Celsius, tandis que celle à l’intérieur de l’abri n’a augmenté que d’un degré Celsius.
Plus tard, vers la fin janvier et tout au long du mois de février, le phénomène inverse s’est produit, avec plusieurs baisses de température allant jusqu’à -30 degrés Celsius (2). La courbe de température intérieure suit pratiquement celle de l’extérieur, mais les variations sont moins dramatiques et plus stables.
Conclusion : La neige, un allié incontournable
Ai-je bien répondu à votre question « Pourquoi utiliser la neige pour protéger vos bonsaïs? » j’espère que « oui ». Les résultats ont confirmé que la neige se révélait être le meilleur isolant, préservant efficacement nos bonsaïs, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des protections. Facile à mettre en œuvre et totalement gratuite, cette méthode fiable a constamment assuré le succès de la préservation de mes arbres indigènes par le passé.
Mon prochain défi est de faire face aux petits rongeurs qui passent l’hiver à mes frais, mais cela constitue une tout autre histoire…
P.S.
Pour obtenir des explications approfondies sur la manière dont ces protections ont été effectuées, consultez les détails fournis dans l’article intitulé « Comment conserver mes bonsaïs indigènes en hiver ? »